Riche en fer, phosphore, calcium, magnésium et potassium, le curcuma, où "kartouma" en sanskrit, "kurkum" en ancien persan, prononcé "kharkoum" en arabe, est une plante vivace cultivée dans les régions tropicales ou subtropicales du globe, se présentant sous la forme d'un tubercule de la famille des Zingibéracées originaire d'Inde et d'Asie du Sud-Est et particulièrement apprécié par les médecines traditionnelles orientales qui lui reconnaissent des vertus importantes sur la santé humaine grâce à ses nombreuses propriétés thérapeutiques (anti-inflammatoires, digestives, anti-oxydantes, hépatoprotectrices, cholagogues, cholérétiques, diurétiques...).
Très présent dans le paysage social et culturel de certains pays d'Asie, on l'utilise de la cuisine à la santé, en teinture, colorant alimentaire, cosmétique, et même lors de certaines cérémonies comme le mariage. En Inde, juste avant leur union, une pâte à base de curcuma et de lait est appliquée sur le visage des futurs mariés, le cou, les mains et les pieds, afin de venir éloigner le mauvais oeil et les faire rayonner dans cette journée si spéciale.
Aujourd'hui, nous connaissons environ près de 80 espèces (certaines sources allant jusqu'à 120) dans le genre curcuma où le Curcuma Longa est le plus utilisé, "domestiqué" et cultivé, depuis des milliers d'années par l'homme, car poussant à basse altitude.
Bref zoom historique du curcuma
L'Ayurvéda, la médecine indienne ancestrale, utilise depuis des millénaires (au moins 4000 ans) le curcuma pour évacuer les déchets accumulés au niveau de l'organisme, purifier le sang, soutenir le foie et le système digestif, et de manière générale soutenir le système immunitaire contre les maladies inflammatoires.
La médecine traditionnelle chinoise en fait l'éloge dans le : " PENTSAO " de Sheng Nung. Cet ouvrage qui date de 2600 avant notre ère, l'un des plus vieux traités de médecine au monde, parle du curcuma dans le traitement des douleurs articulaires .
Dioscoride, médecin grec du premier siècle de notre ère, en parle dans son oeuvre de plusieurs volumes : " À propos de la matière médicale " où il compare ses propriétés à celles du safran... Nous l'appelons d'ailleurs aujourd'hui encore le "safran des Indes".
À partir du 8e siècle de notre ère, les arabes qui occuperont une partie de l'Espagne durant 7 siècles, introduisent le curcuma dans la péninsule ibérique. Plusieurs siècles plus tard, au 13e siècle, Marco Polo écrit dans son journal de bord que le curcuma voyage entre la Chine et l'Inde.
Composition du curcuma
(photo rhizome du curcuma, seuls partie exploitée en phytothérapie).
Le curcuma est composé à plus de 40% de glucides, ensuite d'eau, des fibres, des protéines, des lipides, des vitamines (C, B1, B2, B3, B4, B9), de l'amidon et des minéraux (fer, zinc, magnesium etc...).
On y retrouve des polyphénols (composé phénolique d'origine végétale, aux propriétés antioxydantes) comme la curcumine, la déméthoxycurcumine, la bisdéméthoxycurcumine : 3 curcuminoïdes notables à l'origine des bienfaits santé du curcuma, et des huiles essentielles/volatiles comme la turmérone, l'altlantone, la zingibérone.
La curcumine : zoom sur un puissant principe actif
La curcumine est le principe actif majeur du curcuma. C'est une molécule qui peut se dissoudre entièrement dans les corps gras, c'est ce qu'on appelle une molécule liposoluble. C'est elle qui donne aux rhizomes leur couleur jaune et c'est elle qui est actuellement beaucoup étudiée par la science afin de comprendre l'action du curcuma.
En résumé, la curcumine est un pigment polyphénolique à l'action anti-oxydante et anti-inflammatoire puissante.
La curcumine travaille sur le processus inflammatoire (1) (4) en bloquant l’activité de la cyclo-oxygénase 2, ainsi qu'en modulant l'activité des kynases qui sont responsables de la synthèse de la molécule NF K-B (facteur de transcription) impliquée dans le processus inflammatoire sur les modèles d'inflammation chronique et aiguë.
La curcumine participe également à la diminution de la formation des prostaglandines de type 2 qui sont des molécules jouant un rôle important dans l'inflammation, ce qui atténue la réponse inflammatoire du système immunitaire.
Elle a une action systémique globale, c'est à dire que sa capacité à résorber l'inflammation est localisée à l'ensemble du système, la curcumine allant jusqu'à pénétrer la barrière hémato-encéphalique qui est peu perméable. C'est une warrior !
Les bienfaits santé du curcuma
La science moderne reconnait que le curcuma est un puissant anti-inflammatoire agissant sur l'appareil musculaire, les tendons, le système ostéo-articulaire, la peau, les plaies, les cicatrices, certaines inflammations chroniques digestives, les troubles dyspeptiques, la nausée, la constipation, les ballonnements, les diarrhées, l'acidité gastrique, la gingivite...
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L'aspect anti-inflammatoire du curcuma
Différentes études (1) prouvent l'action anti-inflammatoire du curcuma, reconnue depuis des siècles par les médecines ancestrales et traditionnelles.
Les articulations
Il me semble que la plus grande utilisation du curcuma dans les médecines indiennes et chinoises traditionnelles est à destination des douleurs inflammatoires touchant les articulations (mono-arthralgie, mono-arthrite, oligo-arthralgie, oligo-arthrite, polyarthralgie, polyarthrite et tous les rhumatismes inflammatoires jusqu'à l'inflammation froide qu'est l'arthrose...). Mais aussi fibromyalgie, spondylarthrite ankylosante, tendinites...
En 2016, le J Med Food (2) (Journal médical de l'alimentation) a examiné les conclusions de 8 essais cliniques randomisés au sujet de l'action du curcuma et des extraits de curcumine dans le traitement de l'arthrose. Les résultats montrent qu'une prise quotidienne de 8 à 12 semaines d'extraits de curcumine serait aussi efficace que les AINS (les anti-inflammatoires non stéroïdiens) comme le diclofénac ou l'ibuprofène.
En décembre 2018, une étude (3) sur les rats a montré que la curcumine bloque la " voie mTOR ", (transduction du signal intracellulaire jouant un rôle majeur dans la croissance, la prolifération et la survie cellulaire) ce qui a eu pour effet de baisser l'inflammation articulaire des rongeurs.
Le système digestif
Le curcuma agit aussi bien sur les os que sur le tissu digestif. Les études montrent une action de la curcumine sur tous les troubles digestifs, comme la maladie de crohn, la rectocolite hémorragique (10), l'intestin irritable (5) (11), les ulcères gastriques (6) (7) (9) (aussi en inhibant la prolifération de l'Helicobactère pylori, une bactérie qui cause les ulcères), les ulcères gastroduodénaux (8), les états dyspeptiques (ballonnements, mal au ventre, mauvaise digestion and co)...
Pour aller plus loin :
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Le curcuma, un outil intéressant en phytothérapie lorsque l'on souhaite soutenir son foie ?
Le curcuma est un hépatoprotecteur (protège le foie), un cholérétique (favorise la production de bile) et un cholagogue (favorise l'évacuation de la bile en direction du duodénum), ce qui fait de lui un super outil utilisé en phytothérapie pour protéger et soutenir le foie qui est le chef d'orchestre des organes d'élimination. Donc là, le curcuma devient très intéressant à utiliser dans le cadre de ce que nous appelons une cure de revitalisation en naturopathie.
Le foie a un rôle capital pour le corps et je le considère comme un organe noble, tellement il est important à la bonne homésotasie (recherche d'équilibre) de l'organisme !
Les qualités cholagogues et cholérétiques du curcuma en font l'outil idéal pour venir soutenir le travail du foie dans le nettoyage du sang et l'évacuation des déchets accumulés au niveau des liquides de l'organisme.
Différentes études mettent en avant l'action du curcuma sur le foie. L'université de Düsseldorf dans cette étude (12) montre qu'associée à de la chélidoine, le curcuma diminue les douleurs du foie, notamment les douleurs abdominales localisées dans cette zone.
Il a été démontré que le curcuma est un outil intéressant dans la cirrhose du foie (13) (déformation étendue de la structure interne du foie) dans le cadre d'une expérimentation scientifique américaine et autrichienne sur un groupe de souris dans lequel le curcuma avait permis de "réduire de façon significative" les dommages du foie et en agissant sur les cellules épithéliales du canal biliaire (cholangiocytes), ce qui pourrait "fournir une approche thérapeutique prometteuse".
L'action du curcuma sur le foie explique beaucoup son action digestive (14), le foie étant un organe digestif secondaire et participant à " la digestion chimique " des aliments dès l'action de la bile sur le chyme au niveau du duodénum.
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Le curcuma : un puissant anti-oxydant
À l'instar du zinc, de la vitamine c, du glutathion, le curcuma (la curcumine) est un puissant anti-oxydant systémique reconnu qui participe à l'élimination de l'excès des radicaux libres superoxydes et hydroxyles (molécules oxydantes instables, créées dans les mécanismes utilisant la respiration, qui se stabilisent au détriment des molécules voisines) et inhibe l'oxydation des lipides et devient intéressant quand il y'a un excès de cholestérol et de triglycérides. Franchement, en cure saisonnière quand on arrive vers l'automne et l'hiver, le curcuma est un super soutien au système immunitaire.
Cette propriété anti-oxydante en fait un atout formidable pour mieux vieillir en ralentissant la voie de l’insuline/Igf1 et la voie mTOR.
Nous pouvons lire ici que : " En 2010 déjà, le très sérieux National Center for Biotechnology Information (NCBI), rattaché aux tout aussi sérieux National Institutes of Health (NIH), institutions gouvernementales américaines chargées de la recherche médicale, publiait une étude sur les vertus de plusieurs « superaliments », dont le curcuma. Et selon les résultats dévoilés par le NCBI, « plusieurs essais cliniques ont démontré les effets antioxydants, anti-inflammatoires et anti-cancer de la curcumine » ".
Conseils et utilisation
En poudre : 1,5 à 3g/j.
En infusion : 1 à 2g de poudre séchée jusqu'à 2 fois/j.
Extrait normalisé de curcuminoïdes : 400mg jusqu'à 3 fois/j.
Teinture mère : généralement 10ml/j.
Gélules : souvent dosées autour des 2g : prendre une fois/j sur 3 semaines.
Il existe différentes manières de consommer du curcuma :
La manière brute, le rhizome directement à l'extracteur (10% de réduction avec le code : justenaturo1) ou en fines tranches en salade par exemple.
La consommation en poudre (mais assez ennuyante à la longue je trouve pour le goût).
Le complément alimentaire (attention à la qualité des excipients) : je propose ce complément alimentaire (10% de réduction avec le code : justenaturo1) qui est très good en terme de qualité et couplé avec molécule de poivre pour l'absorption.
Précautions et contre-indications
À des doses élevées, le curcuma peut entraîner diarrhées, nausées et une sécheresse buccale. Donc la dose fait le poison, pas besoin d'en prendre plus que d'usage ! Les compléments alimentaires sont déconseillés en cas de troubles hépatiques ou biliaires. Si il y'a présence d'un calcul obstruant les voies biliaires, alors l'utilisation du curcuma est contre-indiquée. On déconseille aux personnes atteintes d'inflammations de la sphère digestive de prendre des compléments avec de la pipérine (poivre) qui peut aggraver localement l'inflammation.
Le curcuma est anti-coagulant, donc il peut y avoir un risque de saignement pour les personnes qui prennent des anticoagulants et/ou des antiplaquettaires (aspirine, héparine, clopidogrel (plavix), warfarine (coumadine) etc...) avec du curcuma en complément alimentaire (car souvent concentré en curcumine +++), ce n'est pas le cas avec le rhizome qui ne pose pas de problème. 2 semaines avant et après une opération, ne pas consommer de compléments alimentaires à base de curcuma/curcumine, pour la même raison.
Pour la grossesse ou l'allaitement, l'usage alimentaire (racine, poudre) ne pose pas de problème (jus, salade...), mais par principe de précaution on ne consomme aucun complément alimentaire à base de curcuma durant la durée de la grossesse et de l'allaitement.
Possédant des effets anti-diabétiques et anti-inflammatoires, attention à la consommation de curcuma dans le cadre d'une médication allopathique qui peut accentuer l'effet "anti" et entrainer des symptômes.
Sources :
Article écrit par Adrien Ruet, praticien naturopathe, formateur et fondateur du site.
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