Bonjour, je m'appelle Nora, je vais vous expliquer mon expérience de la rectocolite hémorragique, de l'apparition de la maladie à ma guérison "holistique".
Le contexte :
J’ai la vingtaine, je suis infirmière et je viens d’avoir mon premier bébé. Un accouchement qui s’est très bien passé, un allaitement rapidement mis en place et un bébé gros dormeur. Le bonheur quoi ? Pas tout à fait, car il se passe quelque chose dans mon corps.
Apparition des symptômes
A l’époque, j’avais ma chambre près des toilettes. Et à vrai dire je ne pourrais te dire quelle était la pièce principale entre les deux. Plus les jours avançaient et plus je me vidais aux toilettes, puis je me recouchais. Voilà le résumé de ma vie à l'époque. J’ai du avoir l’aide de mon entourage pour s’occuper de mon bébé, et sans eux je n'y serais pas arriver.
Définition de la rch :
La rectocolite hémorragique (ou "RCH") est une inflammation chronique de la muqueuse intestinale (paroi interne de l'intestin) au niveau du rectum, et qui le plus souvent va venir toucher de façon continue une partie ou la totalité du colon. Elle mobilise toute notre énergie et notre temps en souffrance.
Je finis par aller voir mon médecin traitant. Ça ne l’inquiète pas plus que ça. « Tu viens d’accoucher, repose toi, tout va se remette en place ». Je repars avec une prescription d’une dizaine de boîtes de smecta.
La pharmacienne s’est bien moquée de moi en me délivrant mon ordonnance «c’est pour vous tout ça haha » je ne lui souhaite pas d’avoir des problèmes digestifs.
Me voilà bien avancer à boire des anti-diarrhéiques sans aucun effet.
On me disait : « tu devrais être heureuse, tu as un bébé maintenant, tu es encore plus mince maigre qu’avant ta grossesse, il faut que tu vois du monde, que tu t’occupes de toi, que tu sortes... Que tu te bouges quoi ».
Je prends sur moi, je décide d’inviter des copines à la maison. Sortir en dehors de chez moi était mission impossible avec mes nombreux séjours urgences aux toilettes.
Le diagnostique est posé : RCH
En préparant leurs venues, je commence à me sentir mal : frissons, fièvre, impossible de faire quoi que ce soit. Mon mari m’emmène aux urgences.
40°C de fièvre, il me garde une nuit. Puis me transfère en service de gastro. Après un scanner et une coloscopie, on m’annonce comme ça : « vous êtes infirmière... Vous savez ce que c’est la rectocolite hémorragique... Et bien c’est ce que vous avez, on va mettre en place un traitement ».
Le traitement allopathique et prise de conscience
C’est parti pour des soupes tous les jours et de la cortisone à haute dose. Je retrouvais un semblant de vie normale. Je me sentais comme…droguée : la pêche le matin, des insomnies la nuit et des envies incontrôlables de sucre. Je n’ai pas mis longtemps à passer de maigre à boursouflée.
J’étais quand même contente de ce traitement qui me permettait de revivre. Jusqu’à ce qu’on le diminue et que je réalise que c’était juste l’arbre qui cachait la forêt...
Les symptômes revenaient de plus belle. J’entends encore ma gastro dire : “on va passer aux immunosuppresseurs”.
_ Moi : Quoi ?! On va me supprimer le système immunitaire avec ca. C’est pas ce truc qui t’aide à combattre les infections.
_ La gastro-entérologue : “Si, mais là il ne t’aide pas “.
Bête et disciplinée, je m’exécute. Même si au fond de moi, je sens que ce n’est pas bon pour moi.
Entre temps je retombe enceinte.
_ La gastro-entérologue : « il ne faut pas arrêter le traitement, vous pourrez perdre votre bébé ”.
_ Moi : il n’y a pas de Contre-Indication ?
_ La gastro : « Bah y’a pas beaucoup d’études dessus ».
Autant te dire que je passe une grossesse stressante. Je prends l’initiative seule de diminuer quand même le traitement par peur pour mon bébé. Après le dernier rdv avant mon accouchement avec la gastro, j’anticipe le fait que je veux l’allaiter. Et là elle me dit c’est contre-indiqué.
Une grossesse où le bébé se forme c’est autorisé mais l’allaitement interdit ?!
Ma confiance aux médecins en prend un coup. On se met malgré tout d’accord pour arrêter le traitement une semaine après l’accouchement pour donner à mon bébé des anti-corps après une grossesse sous immunosuppresseurs il en aura bien besoin.
La semaine passée après mon accouchement, pas de symptômes. Je décide de continuer l’allaitement tellement je culpabilisais de tout ce traitement pendant cette grossesse. Et comment dire… La fusion avec mon bébé est telle que je ne pouvais pas arrêter d’allaiter.
Mais au bout de 3 mois sans traitement, les symptômes sont vite ré-apparus. D’une petite goutte de sang à des diarrhées sanglantes.
Je ne pouvais pas revivre ces crises et ne voulais pas reprendre ce traitement.
Je ressentais qu’il y avait d’autres solutions mais je ne les connaissais pas encore...
J’ai passé des nuits blanches à chercher des solutions. Je lis des choses sur l’alimentation. C’est vrai que certains aliments me donnaient mal au ventre et d’autres moins.
Le parcours du combattant
Et si l’alimentation avait un impact ?
Le premier livre que j’ai lu est celui-là : Comment le blé moderne nous intoxique ? de Julien Venesson.
Wahouu et si c’était ça la solution ?
Du jour au lendemain, je passe d’un régime traditionnel (gluten quasi-tous les jours) à du sans gluten strict.
Franchement, les effets se sont fait ressentir très vite. Mise à part la fatigue, je réalise à quel point le gluten était un stimulant de mon inflammation.
Il y a tellement de gluten partout qu’à l’époque, j’étais vu comme une extra-terrestre :
_ « Ah mais tu manges quoi alors ? Tu peux en manger un peu quand même »
Et même si mes symptômes diminuaient, je n’oubliais pas la maladie. Elle était toujours là, des jours plus que d’autres, mais elle était là.
Moi, je ne la voulais plus. Alors je continuais mes recherches. Je pense m'être ruiner dans les compléments alimentaires : mais oui il doit me manquer du zinc, c’est ça ?! Ou du magnésium, ah non c’est la spiruline...
J’ai tout testé. Et à chaque nouveau complément je me disais : " la solution est dans cette gélule ".
Bien que j’ai eu des améliorations avec certains compléments. Ce n’était que transitoire.
Après plusieurs mois passés sans gluten, je retombe malgré tout malade. Pas une grosse crise comme j’avais connu mais une crise tout de même.
Je tombe sur le régime des Glucides Spécifiques (GS). Et je ressens que c’est la solution. Mais au fond de moi, j’espère qu’il y en a une autre.
_ " Sans céréales, quoi c’est impossible?! 3 Je me sentais déjà assez frustré comme ça. Et puis, il y a un nouveau complément, je suis sûre que celui-là va marcher, ou ce jus qui guérit tout...
Après avoir arrêter le gluten, j’arrête le lactose et tous les sucres raffinés. Oui je me sens mieux, même si socialement parlant c’est difficile.
“ Regarde je t’ai préparé un truc sans gluten sans lactose. Tu te sens pas bien ? Oupss, il y a du lactose dans le beurre ? Peut être qu’il y en avait un peu alors .. “
J’étais socialement vu comme « in-invitable » (oupss je crois qu’il n’existe pas ce mot).
Je ne pouvais pas rester comme ça, où le moindre écart me provoquait des crampes.
Je reviens alors sur le régime GS : des protéines animales, du bons gras, des fruits et légumes. Ok et si je commençais. Les premiers jours étaient laborieux. J’étais en manque de …Comment dire… De tout ce qui ce mange
Mais force est de constater que c’est le seul qui m’a sorti de crise complètement en quelques jours.
Je peaufine le régime. Je lis pleins de livres en anglais. Les témoignages me donnent confiance. Et là je sens que c’est MA solution.
Mon entourage me conjure de reprendre le traitement médicamenteux. Moi médicament pas pour moi.
Je ne me sens pas soutenue dans ma démarche mais je continue parce que je sais que je commence seulement à comprendre ma maladie.
Alors je fais le tri dans mon entourage, des personnes qui en réalité ne m’apportaient pas de bien.
Je réalise à quel point je me sens mieux sans elles et que mon état s’améliore de jour en jour. Je n’ai plus de diarrhée, plus de sang, des selles moulées.
Il faut avoir une MICI pour regarder ses selles à la loupe ou être Naturo lol.
Je réalise à ce moment l’impact de l’entourage, des émotions qu’il nous véhicule.Je me protège et je fais de plus en plus attention aux personnes qui entrent dans ma vie.
Mon état reste stable. Je garde le régime presque une année avec quelques écarts.
Je réintègre au fur et à mesure des aliments. Et je me rends compte que je n’ai pas de symptômes.
Et les émotions dans tout ça ?
En changeant d’alimentation, je me sens mieux physiquement et psychologiquement. Je constate que lors de stress intense, de situations qui me demandent une grande adaptation, des ballonnements apparaissent et même des diarrhées sans pour autant me provoquer une crise.
Je commence à travailler sur moi. J’apprends que je suis hypersensible, que les situations des autres m’affectent énormément même si je n’ai pas d’impact dessus.
Je comprends mieux pourquoi j’ai souvent été la cible de personnes toxiques, de personnes qui te prennent énormément et qui te rendent des miettes.
J’ai appris à mieux me considérer, à exprimer ce que je ressentais. Moi qui avait tendance à passer toujours les besoins des autres en priorité, même si cela me causait du tort.
Il faut savoir que les maladies intestinales sont énormément liées à l’émotionnel, à une colère interne qu’on a du mal à digérer.
A toi qui lit ces mots, si tu es atteint de mici, regarde dans ta vie ce qui te mets en colère. Envers qui ou envers quoi es-tu en colère ?
LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT !
Aujourd’hui, je ne suis ni crudivore, ni carnivore, ni cétogène, ni vegan, mais je mange des fruits et des légumes, des produits animaux de qualité, du bons gras, et même du gluten parfois.
J’ai réintégré progressivement tous les aliments sans avoir eu de symptômes de la rch. Aujourd’hui je ne me considères même plus atteinte de MICI, mais je reste dans la team quand même tellement je la comprends.
Lorsque l’on change d’alimentation on pense changer que ça. Mais en réalité. C’est tout qui est chamboulé, le quotidien, le rythme de vie, les relations...
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es » Jean Anthelme Brillat-Savarin
Quand on commence un changement alimentaire, en fait on commence à prendre soin de son corps. Et lorsque le processus est lancé, difficile de l’arrêter.
Je m’écoute plus. Chose que je ne faisais jamais avant. •heu écouter quoi?!
J’arrête quand je suis fatiguée, je décline quand je ne veux pas, je romps des relations futiles. Je m’intéresse de plus en plus à tout ce qui est vrai et naturel sans superflu. Les vraies relations, les sorties en plein air sans but précis, les rythmes de vie plus cool, la méditation ou juste s’arrêter pour respirer.
Je réalise à quel point quand j’étais malade, j’avais aussi les yeux fermés.
C'est vrai que la maladie c’est vraiment difficile à vivre mais elle a le mérite de nous réveiller, de nous questionner sur notre vie tout entière.
La maladie enclenche tout un cercle vicieux qui impacte toutes les sphères de notre vie.
De la même façon, la santé a ce cercle vertueux qui n’engendre que des choses positives et ce dans toutes les sphères de notre vie.
Au final, l’alimentation est la chose la plus simple à changer, et elle permet d’entamer ce processus vertueux qui n’est pas prêt de s’arrêter.
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Article écrit par Nora Bady, infirmière de formation et aujourd'hui naturopathe, en collaboration avec Juste naturo.
Son site : http://www.rectocolite-hemorragique.com/
Son insta : https://www.instagram.com/nora.rch/
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